Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne... J’avais ce rêve d’être maman. Même mes meilleures amies au lycée me disait « Aurel’ arrête avec ça ! Profite de ta jeunesse ! Découvre la vie, kiff ! » Mais moi, j’étais dans un autre état d’esprit.
Alors oui, la vie voudrait qu’à cet âge-là, tu fasses tes propres expériences et que tu apprennes la vie en faisant tes propres erreurs !
Prénom : Aurélie @l0velyh0pe
Région : Essonne
Centre : CH4V Saint Cloud
Profession : Manager Quick
Entrée en PMA en : novembre 2017
Envie de bébé depuis : Très longtemps... Mais mon chéri qui est plus jeune n’était pas « prêt » alors on a attendu décembre 2016 pour se lancer dans les essais.
Quels « soucis » d’infertilité / hypofertilité avez-vous : Mon chéri est OATS (oligoasthénotératospermie), moi, je souffre d’endométriose. Nos deux soucis n’étaient pas connus... on l’a découvert lors du bilan d’infertilité.
L’examen que tu as détesté le plus depuis le début : Sans aucune hésitation l’hysterosalpyngographie.
Pratiques-tu des médecines alternatives pour mieux vivre ce parcours, si oui lesquels : Acupuncture, psychothérapie et récemment je me lance niveau lithothérapie.
En PMA pour mon premier, deuxième ou troisième enfant : Premier
Ce qui est le plus dur pour moi dans ce parcours PMA : J’hésite... entre l’incertitude si... la PMA me permettra de devenir maman et l’ascenseur émotionnel que procure ce parcours.
Ce qui est le plus dur pour mon compagnon dans ce parcours PMA : Lorsqu’il a arrêter de fumer... il fumait depuis presque 8 ans. Il a vraiment redoubler d’effort et faire preuve de motivation et d'une force mentale sans faille.
Est-ce facile de concilier ta vie professionnelle et votre parcours PMA : Oui ! Je sais que je suis chanceuse sur ce plan. J’ai ce boulot depuis 10 ans, j’ai la même directrice depuis 8 ans, je m’entends à merveille avec elle. Elle sait tout : ma maladie, l’infertilité, le parcours etc... Elle fait d’ailleurs partis de mes meilleurs soutiens ! Elle m’arrange au maximum, m’aide et me demande régulièrement des nouvelles. Et mes collègues managers aussi sont au courant, moins en détail que ma directrice, mais si j’ai besoin d’échanger des horaires ou des jours, tous se plient en 4 pour moi. J’en suis vraiment reconnaissante !
Ce que le parcours PMA t'apprend chaque jour : Que la vie ne te donne pas ce que tu veux, mais ce que tu mérites. Rien ne sert de précipiter les choses, chaque chose arrive parfaitement au moment où ils le doivent.
La qualité que tu n’avais pas avant et que tu as acquis (vous avez acquis) grâce à la PMA : La patience.
Une phrase qui te boost régulièrement pour la PMA : Rien arrive par hasard, ai confiance.
Une phrase pour ce bébé que tu aimerais avoir dans ton ventre, que tu aimerais tenir dans tes bras : Mon bébé, je t’aime depuis la 1ère seconde où tu as été dans mon esprit. Plus le temps passe plus mon amour pour toi grandit. Il ne me manque plus que toi, pour faire de moi une femme accomplie. Je ne te promets pas d’être la maman parfaite, je te promets simplement de t’aimer. Merci mon bébé d’amour de ne pas être arrivé plus tôt. Grâce à toi, je me suis trouvée, je me suis écoutée, j’ai appris à m’aimer. Tu vois... tu n’es pas encore là, que grâce à toi : ma vie n’est que meilleure !
Est-ce que tu partages ce parcours avec tes proches, si oui lesquels : Tout mes proches sont au courant. Ce n’est pas un sujet tabou ou caché. Autant que l’endométriose, l’infertilité fait partie de qui je suis.
Pourquoi as-tu eu envie d’écrire et partager sur Mon Arbre pour la Vie : J’ai tant de tendresse pour ce projet, à la première lecture : il a accroché mon cœur. Matérialisée de la plus belle des façons nos parcours PMA, qui sont malheureusement vus bien trop négativement. Ce magnifique arbre de vie contre balance ces mauvaises images. Et il sera le meilleur cadeau à offrir à son enfant, plus grand. Représentant notre plus Belle Aventure : parents et enfant, pour nous réunir dans cette vie.
Mais d’une, j’étais "trop sage". J’ai rêvé d’être maman avant d’avoir mon vrai premier mec, avant l'échange du vrai premier baiser et premier rapport sexuel !
Et surtout, j’étais bloquée sur le déroulé de ma vie. J'ai été la petite "bonne femme à tout faire" de ma mère. J’étais étudiante et mère au foyer par procuration (de ma mère) : j’ai élevé mes 6 frères et sœurs. Je faisais les courses, la cuisine, la vaisselle, les bains, les devoirs... Mon planning était égal à celui d’un ministre ou plutôt d'une mère ! Surchargée de responsabilités qui n'avaient pas lieu d'être à mon âge.
Je ne pouvais donc pas être maman d'un "autre enfant que le mien" et je ne pouvais pas vivre l'innocence de ma jeunesse tant ventée par mes ami(e)s. J’étais bien trop fatiguée et je n’avais pas le temps.
À mes 28 ans, j'étais en couple depuis 3 ans avec Jordan, qui lui avait 22 ans. Aujourd'hui, cela fait 6 ans que nous sommes ensemble et en 2016, nous décidons l'arrêt de ma pilule.
Nous tentons d'avoir un enfant pendant presque une année sans succès.
Je sentais au plus profond de moi que quelque chose n’allait pas.
Je prends alors rendez-vous chez la gynécologue et j'en ressort avec une pile d’ordonnances pour des examens en vue d'une entrée en parcours PMA. Les premières larmes tombent, mais nous démarrons le parcours.
On découvre mon endométriose profonde jusque-là inconnue (de nom bien sûr ! Les douleurs quant à elles étaient déjà bien présentent. J'avais enfin un nom à mes douleurs mensuelles !). Néanmoins, celle-ci ne serait pas "gênante" pour les FIV.
On commence donc la première tentative de FIV qui fut infructueuse : nous n’obtenons aucun embryon viable.
Cette FIV se transforme en "FIV bis" : on me transfert 2 embryons J3 ! Évidemment, j'y crois comme jamais, mais cela se soldera par un négatif.
J'adopte alors la technique « positive attitude » en me disant "le positif attire le positif" et ma gynécologue m'annonce qu'il va falloir m'opérer de cette endométriose avant de continuer. Je commence à cogiter comme rien d'autre dans ma vie jusqu'à présent pour comprendre.
Comprendre pourquoi ?
> Aparté : tout ce qui suit est une partie du récit de ma vie qui ne tient qu'à moi et à mon interprétation. J'avais besoin de l'écrire. C'est un témoignage singulier qui ne m'engage que moi.
J'avais besoin de comprendre "pourquoi cette infertilité ?" et "pourquoi de l'endométriose ?"
C'est alors que je retourne en arrière, dans mon enfance. Dès mon plus jeune âge, j’ai été "formatée" par ma mère. Il n'y a pratiquement jamais eu de père. Étant l'aînée de mes 6 frères et sœurs, j'ai ainsi été le second parent (et même le principal !). Ma mère nous fournissait le "matériel" nécessaire : vêtements, nourritures, fournitures scolaires... Mais elle ne s’occupait pas de nous, pas de moi. Elle m’a rendu adulte plus tôt que prévue. Elle m’a obligé à prendre ses responsabilités.
Ma mère ne nous a jamais fait de câlins, elle ne nous disait jamais de mots tendres, elle ne nous donnait jamais de réconfort ou d’encouragement. Nous n'avions pas le moindre signe d'affection que les enfants ont tant besoin, que j'avais besoin. J'ai pourtant tenté d'être une fille modèle, j'ai attiré son attention pour être la fille dont elle serait fière, mais je n'ai été que son pantin articulé.
Lorsque j'ai eu mes règles, très douloureuses (j'ai de l'endométriose aujourd'hui), je me dis que cela s'est développé en moi comme un appel au secours. Souffrir de mes règles dans l'espoir que l'on prenne soin de moi, que ma mère s'occupe de moi. En vain, ma mère m'a toujours dit que les douleurs de règles étaient normales et que je devais continuer mes tâches quotidiennes. J'ai appris à souffrir en silence.
C'est bien mal connaître l'endométriose. Plus je l'ignorais, plus elle tapait fort. Elle était là pour me dire "ma Belle ouvre les yeux ! Tu ne mérites pas ça. Prends soin de toi. Écoute toi. Crois en toi".
Le jour où j’ai commencé à l’écouter, à m'écouter, ma nouvelle vie a commencé. Je dirais même plus ma première vie a commencé. "L'ancienne" ne m'appartenait plus.
Et maintenant, "pourquoi l'infertilité" ?
Avant moi-même devenir une maman, j'ai pensé qu'il fallait que je m’occupe de la mauvaise relation et des liens d'attachement "toxiques" que j’avais avec la mienne. Tout en étant consciente de notre relation "anormale" mère-fille, j'ai continué à l'écouter et à être à son service. Mais, un jour j'ai réussi à dire "stop". J'ai su lui tourner le dos , non pas pour ne plus l'aimer, mais pour démarrer ma propre vie, ce qu'elle m'empêchait de faire.
J'ai mis du temps à comprendre tout ça. Depuis janvier 2019, je suis une thérapie psy qui m’aide à éclairer ce que je ressens et à prendre une direction de vie qui me corresponde. Je balais les fausses croyances. J'ouvre les yeux sur des évidences pour enfin accepter ma vérité. Elle n'est pas simple, elle n'est pas forcément la plus belle mais c'est la mienne.
Elle fait de moi la personne que je suis aujourd’hui et dont je suis fière.
J'ai ouvert mon esprit et j'éveille chaque jour ma conscience. C'est ce qu'il manquait à ma vie. Le chemin n'est pas terminé. J'ai encore beaucoup à apprendre mais j'ai déclenché le meilleur de moi-même et je ne vais pas arrêter. Dans la vie, je crois que l'on vit exactement ce qu’on doit vivre !
Voilà, pourquoi je dis que "tout s’explique un jour" même si cela ne tient qu'à moi. Parfois, on ne comprend pas "pourquoi", parfois on est en colère. Je crois que cela ne sert à rien. Et j'opte pour être plutôt dans la confiance. "Si la vie ne m'a pas encore apporté ce dont j'ai envie, c’est sûrement que je mérite mieux".
Je cherche du sens, j'accepte, j'essaie d'être à l'écoute et de toujours m'aimer.
J’attends toujours mon bébé, je sens qu’il viendra. Parfois, je crois le voir en rêve. J’attends juste le bon moment où il aura décidé, que c’est le moment pour lui d’intervenir dans ma vie, faisant de moi la plus heureuse des mamans.
Je ne suis plus triste, je suis heureuse ! Il patiente afin que je me prenne en main, que je me réveille et que je démarre enfin ma vie avant de venir se blottir en moi.
Ce bébé, qui n'est pas encore là, m'a déjà permis de devenir meilleure.
Je l'imagine parfois "là-haut", cet endroit où les bébés patientent en attendant de choisir une maman. Je me dis qu'il m'a choisi depuis longtemps mais qu'il descendra lorsque j'aurai appris à m'aimer et à m'écouter. Alors je l'imagine aussi en train d'attendre désespérément et me dire "Oh maman, il est temps là". Je sais qu'il m'aime déjà autant que je l'aime. Je sais que c'est moi qu'il veut, pas une autre. Il m'attendra une éternité s'il le faut. Et moi, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l'avoir. Je pense que c'est ça l'amour inconditionnel mère/enfant que je n'ai pas connu, mais que je devine "seulement" pour le moment.
Aurélie @l0velyh0pe
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