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Accepter, lâcher, vivre, accueillir

Dernière mise à jour : 6 févr. 2020

Les mots ont du mal à s’écrire...

Peut-être parce que les maux profonds se sont envolés.

Peut-être parce que le cœur brisé, dont les brèches laissaient passer le poison qui paralysait ma vie, a fini de fuir.

 

  • Prénom : Léna

  • Instagram : @life_love_pma_ecaetera

  • Région : Nîmes

  • Centre : Saint Roch (Montpellier)

  • Profession : Infirmière

  • Entrée en PMA en : 2017

  • Fin PMA : d'ici quelques mois

  • Envie de bébé depuis : décembre 2016

  • Bébé prévu pour : juillet 2019

  • Quels « soucis » d’infertilité / hypofertilité avez-vous : Stérilité tubaire, ablation des deux trompes suite à deux GEU. Je souffre également d'un syndrome méconnu (Fitz-Hugh-Curtiz) et d'endométriose.

  • L’examen que tu as détesté le plus depuis le début : l'échographie endo-vaginale aux urgences pour ma 2ème GEU. L'hémorragie interne a rempli de sang la zone située entre l'utérus et le rectum qui s'appelle le cul-de-sac de Douglas. Lorsque l'interne a touché cette zone avec la sonde j'ai poussé un hurlement d'effroi, la souffrance, la douleur, étaient telles que j'avais l'impression de sortir de mon propre corps. Ce cri est connu et a un nom " Le cri de Douglas", des femmes inconsciente le poussent si elles subissent la même chose ! Je suis restée traumatisée par ce moment de ma vie. D'autant que je luttais pour ne pas tomber dans les pommes avec la sensation que j'allais mourir. Mon ventre se gonflait. La morphine administrée en perfusion n'a servi à rien car elle n'a aucun effet sur l'hémo-péritoine, "la seule chose qui soulage est l'anesthésie générale", je cite le chirurgien.

  • Pratiques-tu des médecines alternatives pour mieux vivre ce parcours, si oui lesquels : Homéopathie qui a toujours fait partie de ma vie, huiles essentielles, acupuncture, psychothérapeute, ostéopathie.

  • En PMA pour mon premier, deuxième ou troisième enfant : Pour mon deuxième enfant. Le premier de mon mari.

  • Ce qui est le plus dur pour moi dans ce parcours PMA : La douleur physique. Accepter les traitements hormonaux injectables alors que je suis contre tous traitements à base d'hormones de synthèse.

  • Ce qui est le plus dur pour mon compagnon dans ce parcours PMA : Ne pas savoir s'il sera Papa ou non. Son impuissance face à mes douleurs.

  • Est-ce facile de concilier ta vie professionnelle et votre parcours PMA : Je n'ai eu aucun scrupule à être arrêtée quand il le fallait. Et tout s'est concilié assez facilement au final.

  • Ce que le parcours PMA t'apprend chaque jour : que rien ne se passe jamais comme prévu !

  • La qualité que tu n’avais pas avant et que tu as acquis (vous avez acquis) grâce à la PMA : la patience ! Sans hésiter ...

  • Une phrase qui te boost régulièrement pour la PMA : Tout ne peut pas être toujours noir !

  • Une phrase pour ce bébé que tu aimerais avoir dans ton ventre, que tu aimerais tenir dans tes bras : Je le porte déjà au creux de moi et il sait déjà tout ... Il ne manquait plus que toi pour donner à la vie sa grandeur !

  • Est-ce que tu partages ce parcours avec tes proches, si oui lesquels : oui tous nos proches sont au courant ! Sans exception ... Nous avons gardé pour nous le dernier TEC, pas de famille, ni de réseaux sociaux au courant (à l'exception de quelques rares amies, car j'avais besoin de pouvoir avoir du soutien).

  • Pourquoi as-tu eu envie d’écrire et partager sur Mon Arbre pour la Vie : Parce que comme toi je suis convaincue que les choses peuvent être vécues plus sereinement à partir du moment où on essaye de leur trouver du sens, de leur donner cet aspect spirituel dont ce parcours manque cruellement. Ce projet est très fort, symboliquement il vibre en moi. L'Arbre pour la Vie est un moyen poétique et merveilleux pour accepter notre parcours et ne plus le rejeter. Tout ce parcours, ses vagues, ses souffrances, ses espoirs ont donné naissance à cet enfant que je porte aujourd'hui dans mon ventre. Et c'est un moyen merveilleux que j'aurais plus tard, pour lui raconter son histoire. Une magnifique histoire de force et d'amour.




Il n’est plus question de retenir, de lutte, de combat, de guerre, de souffrance. Ces mots ont disparu peu à peu de l’horizon de mon âme. Il en reste à peine un filigrane.


Mais dans la vie, à mon sens, jamais rien ne s’efface complètement. Absolument tout demeure mais peut se transformer. Tout laisse une trace faisant de nous la nouvelle personne que nous sommes après chaque minute, chaque seconde, qui vient de s’écouler. Un peu plus différente, changée.


Avec de l’aide il est possible de réussir à devenir alchimiste. Je n’ai pas transformé du plomb en or, j’ai simplement fait d’un fardeau, une aide précieuse. Je me suis fait ami de mon ennemi. J’ai accepté l’inacceptable, surmonté l’insurmontable. J’ai totalement lâché prise. J’ai accueilli, à bras ouverts, dans chaque cellule de la complexité de mon être, ma situation.


Je crois ne même plus avoir envie de me plaindre de ce que j’ai pu vivre.


De la douleur intense des fausses couches et autres œufs clairs.

De la souffrance morale.

De l’épreuve terrible de la grossesse-extra-utérine (GEU) rompue par deux fois. Une fois plus grave que l’autre.

De cette torture physique.

Du sang qui me remplit le ventre.

De cette hémorragie qui me tuait lentement et qui m'a fait connaître la pire sensation du monde : celle de la mort imminente.


Ce sont ces épreuves et ces traumatismes qui m’ont conduit lentement mais sûrement sur le chemin de la procréation médicalement assistée (PMA), et plus particulièrement de la fécondation in vitro (FIV). Sans ce parcours je n’aurais jamais pu avoir d’enfants avec mon mari, étant devenue une amputée de ce que le féminin a de plus sacré. Étant devenue stérile de mes deux organes fondamentaux pour la reproduction du moins.


Oui mais voilà, j’étais, je suis, tellement plus que ça.

Et même si j’ai mis du temps à comprendre que je pouvais ne pas faire une fatalité de cet état de fait, je ne regrette en rien de chaque douloureuse minute que j’ai pu passer à pleurer, à ressentir ce vide à en crever, à me demander pourquoi moi et pas une autre, à trouver tout cela injuste.


Tous ces moments où tout s’écroule, où vos jambes lâchent. Où la tristesse qui vous envahit vous crève le cœur et tous les organes qui peuvent se trouver dans ce que l’on juge n’être qu’une carcasse incapable de créer et porter la vie. Ce sont tous ces moments de détresse infinie qui m’ont permis de démarrer un travail puissant avec une psychothérapeute formidable. Sans trop m’y attendre, cette situation palpable est devenue en fait ma boîte de pandor. Nous l’avons ouverte ensemble, analysant au fil des séances les veilles blessures et aussi les récentes qui ont marquées ma vie, avec leurs répercussions physiologiques.


Le corps et l’âme sont indissociables, forment un TOUT. Et grâce à cet accès à mes secrets les plus noirs, à ce chemin vers les ténèbres de mon inconscient, j’ai pu parallèlement à mon parcours PMA pour avoir un deuxième enfant, retrouver la personne que je suis profondément.


Renaître.

J’ai pu redonner peu à peu à la vie ses couleurs. Retrouver le bonheur dans chaque journée que la vie m’offrait et continue de m’offrir.


Nous avions aussi envisagé avec mon mari, qui lui n’a jamais été parent, de ne pas pouvoir avoir d’enfants et que la vie devrait alors continuer. Il fallait donc tout faire pour aimer cette vie et en retrouver sa beauté.


J’ai petit à petit intégrer ce parcours difficile de la FIV à mon quotidien, et avec légèreté. J’ai fait mes prises de sang mais je ne regardais plus de la même façon les chiffres. Je suivais les instructions comme si elles faisaient partie d’un tout ordinaire. Je me laissais porter. J’ai appris à surfer sur les contretemps et il y en a eu de nombreux. Je savais d’après mon expérience (et comme mon instinct me l’avait murmuré juste après un transfert) qu’un embryon “parfait” ne donnerait peut-être rien, mais qu’une petite perle dans sa parfaite imperfection pouvait devenir le plus beau des bébés.


À nouveau, j’ai pris le temps de sentir les odeurs, voir les couleurs, respirer à pleins poumons, écouter les bruits autour de moi. Je me suis un peu forcée au départ, et puis très vite, tout est revenu.


Chanter à s’en froisser les cordes vocales, danser jusqu’à transpirer, embrasser sans retenu, câliner, aimer. Je me suis retrouvée. Je suis redevenue cette personne que j’étais avant de parler bébé. Bien sûr, je restais marquée au fer rouge par ce que j’avais traversé mais je suis parvenue à retrouver cette forme de légèreté et de bien-être indispensable à la vie.


Ma joie de vivre et mon amour pour la vie ont ressurgi, finalement aussi vite qu’ils m’avaient quitté.


J’acceptais également les journées noires, les soirées de désespoir. Je pleurais enfin, je criais parfois. Lorsqu’elles étaient présentes, j’accueillais mes émotions négatives en plein cœur et j’ai trouvé ça magique de voir à quel point elles disparaissaient plus vite lorsqu’on procédait ainsi.


La lutte ne sert à rien. Je m’imposais de tout envisager. Je m’attendais à tout. Toutes les issues. Du meilleur au pire des scénarios. Et je gardais en permanence en tête cette phrase devenue mon mantra


“En PMA, jamais rien ne se passe comme prévu, jamais !”

Enfin, cette facette de ma vie, la PMA, était bien devenue une facette. Elle n’était plus ni ce qui me définissait, ni ma vie dans son intégralité. Elle n’en était plus qu’un aspect.


J’avais fini de m’oublier. La vie m’avait offert encore de merveilleuses leçons : patience, gestion des émotions, vivre pour aujourd’hui et pas pour demain ou dans six mois.


Et c’est grâce à tout ça et au miracle de la vie, que quelques mois plus tard alors que j'écris ces quelques lignes, je sens les petits coups d'un petit être raisonner d’amour au creux de moi.


Accepter. Lâcher. Vivre. Accueillir.


Léna


 

Source : HAS : https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2749006/fr/evaluation-du-dosage-serique-de-l-hormone-anti-mullerienne

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