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Il y a des choses qui nous échappent...

Dernière mise à jour : 6 févr. 2020

Pour nous la PMA est derrière. Mais je voudrais apporter ici un témoignage un peu différent de celui vécu par les femmes en France.


J’habite en Suisse, pays arriéré en matière de PMA et surtout où la santé est un luxe. L’assurance maladie est privée, chacun s’assure donc en fonction de ses moyens (il y a un système de franchises, et les primes mensuelles ne sont pas proportionnelles aux revenus).

 

  • Prénom : Emilie

  • Région : Suisse

  • Centre : 

  • Profession : Je travaille dans la culture.

  • Entrée en PMA en : 2016

  • Envie de bébé depuis : 2013

  • Quels « soucis » d’infertilité / hypofertilité avez-vous : Aucun (détecté).

  • L’examen que tu as détesté le plus depuis le début : L'hysterosalpingographie à cause du spéculum.

  • Pratiques-tu des médecines alternatives pour mieux vivre ce parcours, si oui lesquels : Acupuncture (MTC), naturopathie, hypnose, massage essenien, drainage lymphatique, shiatsu, magnétisme, chamanisme, yoga... je me demande si je n'ai pas tout tenté !

  • En PMA pour mon premier, deuxième ou troisième enfant : Le premier.

  • Ce qui est le plus dur pour moi dans ce parcours PMA : L'incertitude à toutes les étapes et de ne (toujours) pas connaître l'origine de notre infertilité, le sentiment d'injustice.

  • Ce qui est le plus dur pour mon compagnon dans ce parcours PMA : Le sentiment d'impuissance, de ne pas pouvoir prendre davantage part au processus, d'être trop extérieur.

  • Est-ce facile de concilier ta vie professionnelle et votre parcours PMA : Oui heureusement je travaille à temps partiel et j'ai de la flexibilité pour l'organisation de mon travail.

  • Ce que le parcours PMA t'apprend chaque jour : La patience et l'engagement.

  • La qualité que tu n’avais pas avant et que tu as acquis (vous avez acquis) grâce à la PMA : Le véritable lâcher-prise.

  • Une phrase qui te boost régulièrement pour la PMA : Tant qu'il y a de la vie, y'a de l'espoir.

  • Une phrase pour ce bébé que tu aimerais avoir dans ton ventre, que tu aimerais tenir dans tes bras : Je t'aime.

  • Est-ce que tu partages ce parcours avec tes proches, si oui lesquels : Oui, quand nous sommes entrés en PMA nous avons informé nos familles et amis proches. Par contre nous avons attendu 2 ans pour "avouer" que nous tentions d'avoir un enfant sans succès.

  • Pourquoi as-tu eu envie d’écrire et partager sur Mon Arbre pour la Vie : Parce que nous sommes tous reliés.




À l’époque où nous sommes entrés en PMA je venais de commencer un nouveau travail salarié, à temps partiel (avant j’étais indépendante). Je gagnais mieux, mais pas des masses pour le pays où j’habite. Même constat pour mon chéri. Néanmoins, pour que les rendez-vous avec le spécialiste soient remboursés j’ai baissé ma franchise.


Faire le choix de la PMA, c’était donc en plus de l’investissement humain (physique, émotionnel), de temps etc … un investissement financier sans garantie.

J’ai souvent trouvé injuste d’ajouter ce poids pour avoir un enfant, en plus de tout le reste.


En janvier 2016, après 3 ans d’attente, des examens standard qui n’avaient rien détecté comme anomalie, nous sommes allés consulter un spécialiste. Un personnage orgueilleux au possible, mais soit, si il était compétent pourquoi pas.


Très vite, il souhaite me faire une laparoscopie afin de mettre de côté l’endométriose, dont je n’avais par ailleurs aucun symptôme. Anesthésie générale.


Ensuite, puisque je n’avais rien, 1ère puis 2ème insémination. Là, on nous dit qu’il ne faut pas faire la 3ème tout de suite sinon l’assurance ne voudra plus rien rembourser (j’entends par là les rendez-vous chez le spécialiste).


Ah oui, je ne vous ai pas dit, mais en Suisse on a droit a 3 inséminations remboursées et puis…. c’est tout. Oui vous avez bien lu, les FIV ne sont pas prises en charge. Car même si l’infertilité est reconnue comme une maladie, la FIV elle n’est pas considérée comme un traitement efficace. Donc si vous voulez faire une FIV vous pouvez vendre un rein ! Car cela coûte entre CHF 6'000.- (5200€) à l’hôpital public, et CHF 15'000.- en libéral. Nous, ça nous a coûté CHF 12'000.-.


Finalement en août 2016, on s’est décidé pour une FIV car cela faisait déjà 3 ans que nous étions dans l’attente. Notre docteur a préféré que je fasse une stimulation légère et j’ai donc eu "seulement" 7 ovocytes. Prélèvement, 2ème anesthésie générale. Au labo, sans nous demander ils ont fait une ICSI, résultat pas si mauvais de 4 embryons. Donc en gros 2 fois 2 embryons à transférer car on ne pouvait pas en vitrifier plus que 2. Oui, ça aussi c'est une loi Suisse de l'époque.


Le jour du 1er transfert, le docteur me dit que mon taux de progestérone est très haut, que ça diminue les chances de succès. Mais il me laisse décider. Heu oui ? Hum je ne sais pas ? C’est vous le spécialiste ? Non ? Si ?


Finalement, je décide de procéder au transfert car on nous avait dit que ça marchait mieux avec des embryons « frais ». Hélas, ça n’a pas marché… et je n’ai plus eu mes règles pendant 3 mois.


Février 2017, 2ème transfert… échec.


Mars 2017, je décide que ça suffit. Je suis au bord de la dépression, 4 ans d’attentes déçues, je ne peux plus, je me suis perdue… ma vie tourne autour de ça, c’est limite obsessionnel (et je ne suis pas comme ça, « normalement »). Pendant plus d’un an, j’ai eu des rendez-vous chez le spécialiste quasi chaque semaine. Tous mes (nombreux) projets perso ont été mis entre parenthèse car j’avais juste la force d’assumer mon job.


La PMA c’est donc de l’énergie mobilisée, focalisée, dépensée et ce, sur tous les plans. Et l’argent, c’est aussi une forme d’énergie, encore plus lorsqu’on l’obtient à la sueur de notre front.


Ce qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau, pendant ces 4 ans c’est aussi l’énergie. L’énergie donnée par mes proches, mon énergie que j’essayais de comprendre grâce aux nombreuses thérapies alternatives, l’énergie du yoga qui me permettait de me ressourcer. Car on ne peut entreprendre et survivre à un tel parcours, si on ne se préoccupe par de l’énergie. Pour donner la vie, il faut de l’énergie.


Il faut aussi parfois accepter que c’est assez.

Qu’on ne peut plus rien donner en retour. La transaction est trop lourde. Je me demande si j’avais eu la possibilité d’enchainer les FIV comme en France si je l’aurais fait où non… De savoir que j’avais une seule chance a sans doute changé la donne.


Nous sommes en mai 2019, je ne suis toujours pas tombée enceinte, mais ces deux dernières années m’ont permis de me retrouver, de redonner un sens à ma vie.


Je ne me suis jamais sentie aussi bien, tout ça n’a donc pas été pour rien.

Je suis sortie de ma zone de confort, j’ai été obligée d’évoluer, de me poser des questions sur mon identité, sur mes choix, pourquoi voulais-je des enfants, affronter mes peurs et limitations, savoir d’où je venais, me positionner pour ne plus subir. Bref, j’ai fait un travail énorme que je revendique.


Je commence à envisager que je n’aurais jamais d’enfant (biologique).


J’espère tout de même que la vie nous offrira ce présent magnifique que de devenir parents.

Peut-être que d’ici 1 ou 2 ans retenterons-nous la PMA, à l’étranger pour bénéficier de lois et de techniques plus avancées.


Mais j’ai appris que tout n’apparait pas forcément juste ou logique comme on nous l’apprend. Il y a des choses qui nous dépassent. C’est comme ça, il faut l’accepter pour rester dans le flot de la vie.

J’ai pu réaliser que pour moi le désir de devenir mère était au moins aussi un grand que celui de grandir, d’évoluer spirituellement, humainement. Et l’infertilité m’a offert tout ça. Alors oui, même si tu est parfois dure,


MERCI la vie.

Emilie

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