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Photo du rédacteurMon Arbre pour la Vie

ÉTRE ALIGNÉE DE CORPS ET D'ESPRIT SOUS FOND DE COVID-19...

Il nous reste un embryon vitrifié pour cette FIV, nous avons appris que je n’aurai pas de transfert sur ce cycle parce que le centre est overbooké après le COVID. Douche froide, encore un coup dur après la fausse couche, j’ai l’impression d’une traversée du désert sans fin.

 

  • Prénom : Clémence

  • Région : île de France

  • Centre : Cochin Port Royal

  • Profession : Compliance Officer

  • Entrée en PMA en : janvier 2019

  • Envie de bébé depuis : très longtemps, j’ai déjà la chance d’avoir une grande fille (presque 13 ans) d’une précédente union, j’ai toujours rêvé d’avoir un second enfant. Mon conjoint en rêve aussi. Un petit frère ou une petite sœur pour la plus grande… un souhait depuis longtemps.

  • Quels « soucis » d’infertilité / hypofertilité avez-vous : Mon conjoint est atteint d’azoospermie (pas de spermatozoïdes dans le sperme) découvert à ses 29 ans. Moi 30 ans, j’avais déjà eu un enfant, pour le médecin pas de raison que ça ne fonctionne pas. À force de recherches le verdict est tombé, mon homme a des canaux déférents (ceux qui acheminent les spermatozoïdes depuis les testicules) mais mutation du gène CFTR, il est porteur sain du gène de la mucoviscidose ... moi non, une chance. Passage par une biopsie testiculaire pour trouver des spermatozoïdes. Je reçois un sms que je n’oublierai jamais « ils en ont trouvé, le médecin m’a dit qu’on lui enverra une photo du bébé ». On passera donc par une FIV ICSI. Le 15 juillet 2019, je me dis « cool, dans moins d’un an, on tiendra notre bébé dans nos bras ». Grave erreur de débutante !!

  • L’examen que tu as détesté le plus depuis le début : l’hystérosalpingographie, j’étais seule, j’avais peur, je suis tombée sur une radiologue froide et agressive, sans aucune empathie, j’ai dégusté et pourtant je ne suis pas franchement douillette.Je sais que tout le monde n’a pas mal, j’étais peut-être trop inquiète et puis on m’avait tellement dit que ça faisait mal.

  • Pratiques-tu des médecines alternatives pour mieux vivre ce parcours, si oui lesquels : J’ai tout tenté au début quand je pensais que j’étais la source du « problème » : hypnose, magnétisme, médecine chinoise. J’ai gardé la médecine chinoise avec mon ostéopathe qui permet de réguler mes cycles et d’assurer l’irrigation de mon utérus. Lors du dernier transfert j’ai fait un peu de méditation ça m’a fait énormément de bien. Je fais aussi du Fertility Yoga avec Charlotte Muller ... une révélation ! J’apprends à écouter mon corps, je suis à mille à l’heure donc me poser pour pendre du temps pour moi c’est assez inhabituel. J’en ressens un vrai bienfait et je le conseille dès que j’en ai l’occasion. 

  • En PMA pour mon premier, deuxième ou troisième enfant : pour mon deuxième enfant ... pour l’anecdote quand je suis tombé enceinte de ma fille c’était par « accident » ou plutôt par négligence (contraception anarchique) et ma tante qui a 15 ans de plus que moi était en PMA et galérait énormément. Aujourd’hui elle a trois beaux enfants, tous nés de PMA et c’est à mon tour de galérer. Une sacré illustration de « la roue tourne ».

  • Ce qui est le plus dur pour moi dans ce parcours PMA : l’indifférence des autres, il y a un monde entre les infertiles et ceux qui peuvent juste claquer des doigts pour avoir un enfant. Nous sommes à un âge où tout le monde fait des enfants, je suis entourée de femmes enceintes, dans nos cercles d’amis, au bureau, même nos voisines dans l’immeuble ! Certains jours j’ai l’impression de devenir folle tellement je croise de femmes au ventre rond et ça pèse lourdement sur mon moral, notre vie en général. On en souffre tous les trois et j’aimerais pouvoir mettre un point final à cette souffrance et la laisser derrière nous.

  • Ce qui est le plus dur pour mon compagnon dans ce parcours PMA : L’attente, ce sentiment d’avoir du sable qui coule entre les doigts, tu reprends une poignée de PMA et ça continue à couler. Il me dit qu’il a l’impression d’être Sisyphe... qu’il monte sans cesse la pierre de la PMA en haut de la montagne et qu’elle ne cesse de redescendre ... un jour elle restera en haut, sans qu’on sache pourquoi ce jour-là mais elle restera en haut et on aura notre bébé.

  • Est-ce facile de concilier ta vie professionnelle et votre parcours PMA : au début c’était de l’organisation, parler de problèmes médicaux et s’absenter pour aller aux rdv sans jamais dire pourquoi... j’ai deux chefs, des hommes plutôt très bosseurs, qui aiment mon dévouement et ma disponibilité... donc j’avais du mal à en faire part, et, disons-le clairement, peur de me faire virer. Et puis j’ai fait une fausse couche en février (le 8 février, dur à oublier, ma fille faisait 12 ans et demi ce jour-là)... un matin, obligée de courir aux urgences, et donc de ne pas aller bosser... C’est d’ailleurs ce matin-là que j’ai déposé les flyers de Mon Arbre Pour La Vie !! Il fallait que je lève le pied d’après mon gyneco. En retournant au bureau j’ai foncé voir l'un de mes chefs et j’ai tout raconté. Ils ont été extraordinaires de bienveillance et d’humanité, j’insiste vraiment car paradoxalement mes collègues qui sont des femmes dont une enceinte n’ont pas du tout été aussi douces ... même celle enceinte s’est révélée mauvaise après ma fausse couche, comme si elle pensait que c’était contagieux.

  • Ce que le parcours PMA t'apprend chaque jour : j’ai déjà eu beaucoup d’épreuves dans ma vie, à commencer par être maman à 18 ans ... mais ça confirme qu’il faut se battre pour ce que l’on veut, pour ceux qu’on aime. La PMA m’apprend la valeur d’une vie, la bienveillance.

  • La qualité que tu n’avais pas avant et que tu as acquis (vous avez acquis) grâce à la PMA : mon chéri dit que je suis plus patiente  on dira que c’est par la force des choses !

  • Une phrase qui te boost régulièrement pour la PMA : j’ai une devise qui m’a portée dans ma vie et que j’avais même fait broder dans ma robe d’avocate c’est « sept fois à terre huit fois debout ». Si on s’écroule à chaque fois, on n’arrive jamais à rien. Donc il faut se relever et avancer. Coûte que coûte. 

  • Une phrase pour ce bébé que tu aimerais avoir dans ton ventre, que tu aimerais tenir dans tes bras : Viens vite nous rejoindre, nous t’aimons déjà, nous t’attendons tellement. 

  • Est-ce que tu partages ce parcours avec tes proches, si oui lesquels : Oui, mon petit frère le plus proche en âge (j’en ai deux) dont je me suis énormément rapprochée, mes amies, même si certaines ne comprennent pas toujours combien cette situation peut-être violente et douloureuse, mon assistante qui me booste dès qu’elle le peut (ma maman du bureau) et notre fille qu’on essaie de maintenir loin de tout ça mais qui dit souvent que c’est notre combat. 

  • Pourquoi as-tu eu envie d’écrire et partager sur Mon Arbre pour la Vie : Pour que l’infertilité ne soit pas un tabou, aider ceux qui comme nous peuvent être parfois perdus. Qu’ils ne se sentent pas seuls. Et aussi parler de la fausse couche, un autre grand tabou. J’espère que nous aurons tous la chance d’être parents quelle que soit la façon.





Mais il faut se relever, remonter en selle, pour être d’attaque en juillet, si nous pouvons faire le transfert à ce moment-là.


Parce qu’après la fausse couche de février, il nous a fallu un peu de temps pour nous remettre de cette épreuve violente que j’ai tenté de décrire aussi sur mon fil Instagram @rein_mai_lifepath.


Nous sommes en vacances en Irlande, enfin plutôt, nous sommes descendus de l’avion à Dublin, on est le 8 février.


Il y a bientôt deux semaines, le soir des 30 ans de mon conjoint, nous apprenons que je suis enceinte, le TEC 2 a fonctionné, nous débordons de joie, nos amis sont dans la pièce d’à-côté, avec certains membres de notre famille. Nous ne disons rien parce qu’on sait combien il faut attendre avant d’être sûrs mais nous pleurons de bonheur, ivres de joie.


Le meilleur copain de mon chéri et mon frère captent assez rapidement, les autres n’ont rien vu. Ensuite, il y a deux épisodes de saignement et nous hésitons longuement, mais nous sommes partis quand même pour couper, pour souffler. Nous sommes donc en Irlande, où je rêvais d’aller depuis longtemps.

Nous avons roulé jusqu’à Galway, plein ouest de l’Ile. Je commençais à avoir des nausées puisque j’ai à peine touché au fish&chips qu’on a achetée pour déjeuner. Mais ce n’était pas des nausées de grossesse classique, je sentais que quelque chose n’allait pas, c’était animal, même s’il n’y avait pas de signe physique je le sentais. Je demande à mon conjoint qu’on rentre à l’hôtel, j’ai besoin de m’allonger.


Je dors une bonne heure et c’est la sensation du sang qui coule qui me réveille… Il coule beaucoup, je sais déjà mais j’essaie de croire que ce n’est rien de grave, j’ai déjà saigné deux fois, l’embryon était toujours là, je lui parle, je prie, je pleure, mon homme pleure et comme on a pris une chambre familiale, notre fille assiste à tout ça…

Nous devons nous rendre à l’hôpital, on nous envoie vers l’hôpital universitaire. Mais l’hôpital aux airs de dispensaire de Galway n’a pas d’écho, il y a des gens partout dans les couloirs, on croirait qu’il y a eu la guerre. Des personnes âgées à l’agonie laissées sur des lits peinent à respirer, des jeunes ensanglantés (soir de match de rugby), je vous passe les odeurs et les visions d’horreur, le sol jonché de saletés en tout genre.


Je vais passer la nuit à me vider de mon sang, sur une chaise dure et bancal, sans savoir ce qu’il se passe, pas de prise de sang, pas d’échographie. Ma fille a faim, est fatiguée, son téléphone ne l’intéresse plus. J’ai mal, je n’ai qu’une protection hygiénique donnée à contrecœur par une infirmière que j’essaie de ménager à grand renfort de papier toilette.


Mon conjoint pendu au téléphone avec le consulat et les assurances pour qu’on soit rapatriés, ce qui n’arrivera que deux jours plus tard, avec l’aide de personne sinon des médecins de Cochin qui sont fabuleux, attentionnés, prévenants même à distance, et nous disent de rentrer.


On passera près de 12 heures à l’hôpital sans aucun examen, pas la moindre prise de sang. La nuit et la journée qui ont suivi ont été atroces, aucun médicament pour aider à faire passer la douleur non plus et le sang qui coule sans s’arrêter. La fausse couche sera confirmée le mardi matin par un vrai médecin dans un vrai hôpital, on est le 11 février, à Cochin, on a l’impression de sortir de l’enfer.



Partant de là, la COVID est presque une bénédiction. Je n’ai pas à décider si je veux reprendre ou pas. J’ai le temps pour les hystéroscopies qui surveillent l’élimination des « débris » qui ont subsisté et surtout, je n’ai plus ma co-bureau à un mètre de moi qui me raconte sa grossesse et me demande conseil alors qu’elle sait pertinemment que je sors d’une fausse couche et qu’elle attend son deuxième.


Nous avons pris le temps, tous les trois, d’être ensemble, de profiter les uns des autres, de nous focaliser sur notre fille et de l’aimer encore plus.

Elle de faire un début de crise d’ado avec des parents qui ont tout le temps pour l’écouter et essayer de comprendre. Chacun a pu trouver ou retrouver sa place.


Et pour une fois il n’y avait plus d’examen, plus d’annonces de grossesse, plus de rendez-vous, plus cette peur qui ne nous quitte pas que ça ne fonctionne pas.

Maintenant que tout reprend j’ai eu une fâcheuse tendance à remplir mon agenda de rendez-vous pour éviter de penser.


C’est en cela que le Fertility Yoga et la méditation m’aident, notre Arbre* (*eshop) aussi.


Je me dis que j’ai le droit d’y penser, de ne parler que de ça parfois, j’ai le droit d’avoir peur, d’être triste et j’apprends à pardonner à mon corps ou plutôt à l’aimer dans tous les efforts qu’il fait avec moi pour que nous arrivions à notre but.

La fausse couche était très certainement due à une anomalie embryonnaire, j’ai eu un bilan de fausse couche et, comme les médecins le répètent depuis le début, tout va bien chez moi. J’ai beau savoir lire les bilans sanguins, j’ai attendu que le gynécologue me le confirme pour m’autoriser à souffler.


Ce n’est donc pas mon corps qui ne veut pas, je peux donc vibrer avec lui.

Être aligné de corps et d’esprit, c’est le but du yoga et chez moi c’est compliqué mais je sais que je ne pourrai être bien dans cette épreuve, puis dans une grossesse que si je m’aligne.

Dans la PMA, il faut très vite accepter que de toute façon nous n’avons pas le choix, que ça va être long (même s’il y a toujours des exceptions) et compliqué, qu’il y aura des échecs, des pertes lourdes parfois, et d’immenses déceptions.


Mais comme le dit mon conjoint il arrive qu’on y croit tellement qu’on a l’impression d’avoir gravit la montagne, d’être arrivé au sommet… puis on dégringole. Ce sont ces chutes-là qui sont violentes et nous imposent une souffrance inouïe physique et psychologique.


C’est pour cela qu’alors qu’on nous avait annoncé la reprise (réouverture des centres PMA) et la possibilité d’un transfert en juin, le fait de nous faire « recaler » pour « peut-être » un transfert en juillet a été un nouveau coup de massue. Et le plus violent, c’est que celui-là on ne s’y attendait pas. Mon gynéco m’avait même dit « vous pouvez reprendre sur ce cycle ou le suivant c’est vous qui voyez ».


J’ai mis quelques jours à me décider, attendu les résultats du bilan de fausse couche, puis on s’est dit qu’on se lançait, qu’on était prêts… pour qu’on nous dise non et là j’ai haï la COVID et toutes celles qui, pour une raison que j’ignore ont, elles, pu reprendre sur ce cycle.


La colère, c’est un autre sentiment très fort de ce parcours.

En début de cycle, les émotions sont chamboulées et depuis deux mois, j’ai l’impression de revivre une fausse couche à chaque fois tant mes menstruations sont incroyablement fortes, douloureuses et abondantes. Il m’a donc fallu attendre un peu pour me calmer et écrire ces lignes.


Les jours passent, en PMA le temps n’a pas la même échelle, ni la même valeur.

Les femmes qui comme moi ne sont pas enceintes aujourd’hui savent qu’elles n’auront pas de bébé en 2020, alors que le nôtre (en février) était pour fin septembre/début octobre…


Le temps nous nargue, donne des années à nos âges, à celui de notre fille, des rides sur nos visages, des chances en moins. Mais il nous apporte aussi, il nous fait mûrir, nous convaincs chaque jour un peu plus, nous rapproche, nous soude, décuple notre amour.


Parce qu’au fond la PMA c’est par-dessus tout une histoire d’amour.

Clémence

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